Ray Richardson Absolute Richardson painting peinture

Absolute Richardson, 2009

huile sur toile/oil on canvas

51 x 51 cm

 

Peintre anglais né en 1964, Ray Richardson présente ses œuvres récentes à la galerie Alain Blondel pour la première fois depuis six ans. Le titre de cette exposition, “Music for pleasure”, est une référence ironique à quelques albums musicaux de style “easy listening” des années 1970. Façon de rappeler que la peinture est un plaisir visuel qui vaut aussi par les réactions, les émotions et la réflexion qu’elle doit susciter.

 

La matière première de son œuvre provient de ses souvenirs, de ses observations et de son intérêt pour la musique soul et jazz, les films noirs  et les romans de James Ellroy. Richardson façonne cette matière première en lui donnant l’illusion d’un instantané photographique ou d’une image fixe tirée d’un film, mais peint avec une très forte puissance évocatrice. Une succession d’instants volés, détachés de leurs histoires plus complexes, qui laissent notre imagination se perdre en conjectures sur la base d’une seule impression. Des bribes d’histoire cristallisées dans une seule attitude.

 

C’est toute une fresque sociale que décrit le peintre, celle du prolétariat et des classes moyennes. Richardson dépeint les atmosphères viriles des pubs où les chômeurs cherchent à tuer le temps, les arrières cuisines de cafeteria où se discutent les destins de gros durs, les hommes comblés par la possession matériel et ivres de leur pouvoir, les couples qui se déchirent, la solitude, les paysages et le mode de vie californiens. En gros plan, des bull terriers expriment parfois une émotion attendrissante. Ses personnages extériorisent des rituels absurdes de la vie urbaine, des façons d’être indissociables de l’environnement culturel qui les a façonnés. Ils se racontent des histoires qu’ils ponctuent de poses d’acteur des films de Martin Scorsese ou de David Lynch. Mais ses individus demeurent une énigme par leur apparition fulgurante.

 

Les formats allongés du peintre permettent de saisir le personnage dans son environnement, comme un travelling cinématographique. Richardson joue avec la perspective pour mettre en relief une éloquence et une expressivité gestuelles. L’empathie du peintre se reflète dans les titres de ses œuvres. Souvent très drôles, ils humanisent ses personnages, ébauchent leur psychologie et introduisent aussi un commentaire politique ou sociale. Comme Hogarth ou Goya qu’il admire.

 

Ses compositions très sophistiqués s’inspirent de tous les arts visuels : les espaces clos sont théâtralisés, ses scènes de rues ont l’impact visuel d’un Robert Franck. Si ses scènes de bars et ses vues de littoral rappellent la tradition de la peinture britannique, Richardson insère, subrepticement, des allusions à d’autres peintres. Telle vitre ressemble à un Mondrian, tel ciel à un Mark Rothko, tel cible à un Jasper Johns. C’est véritablement le portrait d’une culture.

          

British painter born in 1964, Ray Richardson presents his recent paintings at the Alain Blondel gallery for the first time for six years. The title of this exhibition, “Music for pleasure”, is an ironic reference to some “easy listening” music of the 1970’s. It is a way of reminding that painting is a visual pleasure but it must also provoke reactions, emotions and a reflexion about ourselves.

 

The raw material of his work comes from his memory, his observations and his liking for soul and jazz music, films noirs and novels by James Ellroy. Richardson shapes this material and gives it the illusion of a snapshot or of a fixed picture from a film but painted with a very high evocative force. A succession of stolen instants, out of their complex history, that let us free to imagine on the basis of an impression. Some snatches of history crystallized in one attitude.

 

It is a whole social panorama that depicts Richardson, the one of proletariat and middle-class. Description of virile atmospheres of pubs where unemployed try to kill time, sculleries of cafeteria where fates of bullird are risked, men filled with material possession and wild with power, couples tearing away, loneliness, Californians landscapes and way of life. In close-up, some Bull Terriers sometimes express a touching emotion. These characters act out absurd rituals of urban life, their manners are inseparable of the cultural environment that made them. They tell stories to themselves that they punctuate with actor’s pose from films by Martin Scorsese or David Lynch. These people remain a mystery by their dazzling apparition.

 

The horizontal formats of the painter enable us to catch people in their surroundings, like a travelling in the films. Richardson plays with perspective to accentuate gestural eloquence and expressivity. The painter’s empathy is reflected by the titles of his paintings. Often very funny, they humanize his characters, sketch out their psychology and also introduce a political and social comment. Like Hogarth or Goya he admires.

 

His very sophisticated framings are linked with all visual arts: the enclosed spaces are dramatised, his littoral landscapes reminds the tradition of the British paintings. Such stained glass window looks like a Piet Mondrian, such sky to a Mark Rothko, such target to a Jasper Johns. It is definitely the portrait of a culture.