Stéphane Belzère

Né en 1963 à Argenteuil, il vit et travaille entre Paris et Bâle.

 

Fils des peintres Jürg Kreienbühl et Suzanne Lopata, Stéphane Belzère fait ses études à l'École des Beaux-Arts de Paris. Dans ses premières peintures influencées par le réalisme familial, il documente la collection des plâtres antiques abandonnés dans les sous-sols de l’école et, à Berlin où il possède un atelier, les no-man’s land de la capitale après la chute du mur.

 

Débutée en 1995, sa série de peintures, "Les bocaux anatomiques", marque une évolution importante dans son travail. Dans la salle des "Pièces Molles" du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, près de la grande galerie de l’Évolution où son père avait travaillé quelques années auparavant, il peint directement des cerveaux et des organes d’animaux conservés dans des bocaux de formol. Ce motif devenu obsessionnel, source d’attraction et de répulsion, offre une possibilité de dialogue entre les chairs et la matière de la peinture, magnifiée par les couleurs et la transparence du liquide. Il poursuit cette thématique, non sans humour, dans ses "Tableaux-saucisses" à partir de sa propre collection de bocaux alimentaires. Une observation détaillée des sédiments déposés au fond des bocaux de préparation anatomique est à l’origine des "Tableaux longs" ; les strates de matières délitées, agrandies par l'effet grossissant des verres, évoquent indifféremment des paysages glaciaires et intérieurs, des mondes réels et imaginaires, entre figuration et abstraction.

 

Lauréat en 2003 du concours pour la réalisation des vitraux de la cathédrale de Rodez, il conçoit un ensemble figuratif et narratif achevé quatre ans plus tard, en collaboration avec les ateliers Duchemin. Afin de traduire le mystère de la vie et son perpétuel renouvellement, il combine l’iconographie religieuse avec des images tirées de la biologie et des formes issues de ses bocaux anatomiques. Symbole de la pensée divine dans ses vitraux, le motif d’IRM de cerveaux est repris puis développé dans une série de pochoirs à la gouache. 

 

Parallèlement, il n’a cessé de s’attacher à la figure humaine. À Berlin, entre 1995 à 2013, il réalise un ensemble de sept cents petits autoportraits, appelés "Reflets nocturnes" ; à la manière d'un journal intime, il se peint souvent nu, à travers le reflet de la fenêtre de sa cuisine qui superpose son corps et la ville. En accompagnant la fin de vie de son père décédé en 2007, il exécute des portraits de sa famille confrontée à la maladie, y compris des peintures ovales de son père sur son lit de mort. Depuis quelques années, il a commencé une série d’aquarelles nommées "Diaquarelles", d’après des diapositives familiales et publicitaires collectées auprès de proches, d’amis ou d’anonymes : en explorant des images analogiques délaissées et retranscrites avec leur cache et leurs inscriptions, il dresse un panorama subjectif d’un monde révolu, ancré dans la mémoire collective.

 

Son travail révèle un monde étrangement réel qui unit l’informe et la forme, l’organique et la chair, l’intérieur et l’extérieur. Chacune de ses séries trouve sa source dans une œuvre antérieure et tisse un fil invisible entre ses sujets qui s’approfondissent à mesure : la conservation des chairs, la production alimentaire, la représentation du corps, le cerveau et la mémoire… À partir d’une description minutieuse de la réalité, si exacte qu’elle en devient parfois abstraite, Stéphane Belzère cherche à voir à travers le visible, comme par transparence, la vie des formes et les formes de la vie.

 

Il a été récompensé de plusieurs prix artistiques et son oeuvre figure dans plusieurs collections publiques et privées : Kunstmuseum Basel, FRAC Île-de-France, Musée d’Art Moderne et Contemporain (MAMCS) de Strasbourg, Fondation d’art contemporain Daniel & Florence Guerlain, Fondation Edouard et Maurice Sandoz, Christoph Merian Stiftung…

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Born in 1963 in Argenteuil, he lives and works between Paris and Basel.

 

Son of painters Jürg Kreienbühl and Suzanne Lopata, he studied at the Beaux-Arts de Paris. In his first paintings influenced by the realism of his parents, he documented the collection of antique plasters abandoned in the basements of the school and, in Berlin where he had a studio, the no-man's land of the capital after the fall of the wall.

 

Started in 1995, his series of paintings, "The Anatomical Jars", marks an important evolution in his work. In the so-called "Soft Pieces" room of the National Museum of Natural History in Paris, near the grand gallery of Evolution where his father had worked a few years earlier, he directly painted the brains and organs of animals preserved in formalin jars. This motif, which has become obsessional, source of attraction and repulsion, offers the possibility of a dialogue between the flesh and the material of the paint, exalted by the colors and the transparency of the liquid. He continued this theme, not without humour, in his "Sausages-paintings" from his own collection of food jars. A detailed observation of the sediments deposited at the bottom of anatomical preparation jars is at the origin of the "Long paintings"; the strata of disintegrated materials, enlarged by the magnifying effect of glasses, evoke indifferently glacial and inner landscapes, real and imaginary worlds, between figuration and abstraction.

 

Winner in 2003 of the competition for the realization of stained glass windows for the Rodez Cathedral, he designed a figurative and narrative set completed four years later, in collaboration with Ateliers Duchemin. In order to translate the mystery of life and its perpetual renewal, he combined religious iconography with biological images and forms from his anatomical jars. A symbol of divine thought in his stained glass windows, MRI pictures of the brain are taken up and then developed in a series of gouache stencils.

 

Simultaneously, he has never ceased to deal with human figure. In Berlin, between 1995 and 2013, he executed a series of seven hundred small self-portraits, called "Nocturnal reflections"; like a diary, he often painted himself naked, through the reflection of his kitchen window that superimposed his body and the city. While accompanying the end of life of his father who died in 2007, he made some portraits of his family facing illness, including oval paintings of his father on his deathbed. For a few years, he has started a series of watercolors called "Diaquarelles", based on family and publicity slides collected from relatives, friends or anonymous people: by exploring analog abandoned images transcribed with their plastic frame and their inscriptions, he draws up a subjective panorama of a bygone world, anchored in collective memory.

 

His work reveals a strangely real world that unites the formless and the form, the organic and the flesh, the interior and the exterior. Each of his series finds its source in a previous work and weaves an invisible thread between his subjects that deepen gradually: the preservation of flesh, the food production, the representation of body, the brain and the memory... From a meticulous description of reality, so accurate that it sometimes becomes abstract, Stéphane Belzère seeks to see through the visible, as if by transparency, the life of forms and the forms of life.

 

He has been awarded numerous prizes and his work is part of several public and private collections: Kunstmuseum Basel, FRAC Île-de-France, Strasbourg Museum of Modern and Contemporary Art, Daniel & Florence Guerlain Contemporary Art Foundation, Edouard and Maurice Sandoz Foundation, Christoph Merian Stiftung…

Selected Press

Connaissance des Arts Élisabeth Vedrenne

De la même façon qu’il navigue entre les pays, il se coule entre ses divers sujets. Le corps, la conservation, l’immersion, la transparence, le questionnement sur la beauté sont les thèmes qui l’obsèdent.

Art Absolument Laurence d'Ist

Diplômé de l’école des Beaux-Arts de Paris à la fin des années 1980 à une époque où, en France, une certaine peinture devient obsolète, c’est avec ce médium que Stéphane Belzère s’intéresse avec humour et maîtrise à un motif : le bocal.

Kunstbulletin J. Emil Sennewald

Seit über dreissig Jahren entwickelt der französisch-schweizerische Künstler geduldig und mit Humor eine figurative Malerei, die er aus dem Widerstand des "Fleischs der Welt" gewinnt.

Artension Marie Girault

À 20 ans, fasciné, il découvre les collections d'organes au formol du Muséum national d'histoire naturelle de Paris. C'est une révélation. Il a trouvé son motif. 

Le Journal des Arts Itzhak Goldberg

Motif fétiche du peintre, le bocal rempli de formol et de bizarreries anatomiques animales lui permet de travailler sur la transparence entre figuration et abstraction.

Novo Aude Ziegelmeyer

Pour Mondes Flottants, plus de soixante-dix toiles du peintre Stéphane Belzère dialoguent avec des centaines de spécimens d'histoire naturelle issus des collections du Musée Zoologique de Strasbourg.

Dernières Nouvelles d'Alsace Serge Hartmann

Depuis 20 ans, le peintre franco-suisse Stéphane Belzère développe un travail autour des bocaux du Muséum national d’histoire naturelle.

Le Quotidien de l'Art Marguerite Pilven

Conscient des contextes de réception d'une œuvre et de la versatilité de ses instances de validation, le peintre Stéphane Belzère résiste à l'air du temps.

Meer Amélie Pironneau

Le motif du "bocal anatomique", récurrent dans le travail de Stéphane Belzère, se décline de manière nouvelle dans cette série d’aquarelles récentes.

La Dépêche

Tout en s'adaptant à la commande, l'artiste a introduit des motifs qui lui sont chers : formes organiques et images issues de la biologie et du monde médical.

Arte L'Atelier A

Débuté en 1995 et arrêté le jour de ses 50 ans, la série « Reflets Nocturnes » de Stéphane Belzère est le reflet de moments intimes entre l’artiste et lui-même, occupé à se peindre dans le reflet d’une fenêtre.

Kunstbulletin Catherine Holderegger

Ähnlich wie sein Vater, der 2007 verstorbene Schweizer Maler und Stecher Jürg Kreienbühl, verteidigte Belzère zwar einen vor den Impressionismus zurückgreifenden Stil, heftete sich aber nicht an Gegenstände, die einen schlicht und einfach berücken, sondern die in einem gemischte Gefühle aufeinanderprallen lassen.

L'Oeil Philippe Piguet

L'exposition que lui consacre le musée Denys-Puech témoigne de toutes ces aventures singulières et inédites, d'un côté les peintures, de l'autre tout le travail préparatoire aux vitraux - qui dit à quel éblouissement la peinture le conduit.

Parcours des arts Yann Le Chevalier

L'artiste utilise la forme constance de ses toiles et l'infinie variété des couleurs et des textures pour créer au fil du temps "un gigantesque puzzle organique".

Connaissance des Arts Annick Colonna-Cesari

C'est finalement Stéphane Belzère, né en 1963, qui a vu poser ses vitraux inspirés par la biologie, des globules rouges aux chaînes ADN.

area revue)s( Entretien avec Éric Darragon et Alin Avila

Peintre, Stéphane Belzère a besoin d'avoir près de lui ses motifs. Aussi, le plus simple est-il de les collectionner.

Artpress Amélie Pironneau

Ces peintures ne constituent-elles pas une forme contemporaine de memento mori qui fait entrer en fusion une histoire de bocal et une histoire de peinture pour "retracer le chemin de cette chair" observée au Muséum d'histoire naturelle, de toute chair ?

Verso Amélie Pironneau

On comprend maintenant pourquoi Stéphane Belzère tient à la netteté de l'image picturale : pour ne pas "transposer", pour ne pas idéaliser, donc pour mieux faire voir mais en déstabilisant notre perception.